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La pollution ne s’attaque pas qu’aux poumons. Notre peau, organe très sensible, est aussi exposée directement aux particules toxiques environnantes. Les impacts de la pollution sur notre teint intéressent donc fortement les chercheurs et, dans leur sillon, les marques de produits de beauté, qui ont transformé la cosmétique antipollution en un marché potentiellement très rentable.
En cinq ans à peine, elles ont toutes élaboré des gammes de soins antipollution: de Chanel à Lavera en passant par Clarins, Bourjois, Skinceuticals ou Nuxe, les «boucliers» protecteurs, les «écrans» et autres filtres de «défense» urbains, font de l’œil aux citadines inquiètes. Avec la multiplication des pics de pollution en France, celles-ci s’intéressent à ces produits aux consonances guerrières et s’interrogent sur leur efficacité.
Des études menées dans les villes asiatiques les plus polluées
Pour l’évaluer, les scientifiques ont mené des études en Asie, où les pics de pollutions sont légion. «Les impacts sur la peau sont prouvés, affirme la dermatologue Nina Roos*, auteur de «Une peau en pleine forme» (Solar). La pollution génère principalement des radicaux libres qui créent une inflammation et déborde les capacités de nettoyage et de réparation des cellules.» Ce phénomène a un impact esthétique (vieillissement accéléré, tâches, teint terne, pores plus visibles) et aggrave les maladies de peau existantes, comme les irritations, l’eczéma et l’acné. «Nous avons participé, en Chine, à des comités d’experts dermatologues, en 2014 et 2016, qui ont démontré l’augmentation des consultations aux urgences pendant les pics d’alerte, ajoute Sophie Seité, directrice scientifique chez la Roche Posay. La pollution fragilise la barrière cutanée par un stress oxydatif couplé aux effets négatifs du soleil.»
Les bons gestes à adopter au quotidien
Pas de panique. Ces données scientifiques ne doivent pas faire oublier qu’il existe des solutions faciles pour contrer ces agressions. «Beaucoup de gens qui habitent Paris ont une peau superbe, tempère Nina Roos. Mais cela nécessite une remise en question : il faut comprendre qu’une belle peau reflète avant tout une bonne santé interne.» Le premier geste à adopter est de se protéger du soleil, d’avril à septembre, avec un indice d’au moins 30spf et à spectre large (contre les UVA, UVB et rayons infrarouges). «Il est aussi fondamental d’adopter une alimentation riche en antioxydants, pour lutter contre les radicaux libres de l’intérieur, c’est la plus importante des protections», poursuit la dermatologue. On force donc sur les fruits et légumes colorés, le thé vert, les baies de goji et on évite les aliments industriels transformés. Enfin, il faut laisser le temps à la peau de se réparer, grâce à un sommeil de bonne qualité et de quantité suffisante et chasser les toxines via le sport ou d’autres formes de transpiration (hammam ou sauna).
Cosmétiques anti-pollution : une efficacité non prouvée
A ce jour, aucune étude ne confirme l’efficacité des crèmes dites antipollution, «mais elles contiennent des ingrédients connus, comme des indices solaires, des antioxydants, des vitamines C ou E qui peuvent avoir un intérêt, sans pour autant remplacer l’hygiène de vie», précise Nina Roos. Suivant les recommandations des dermatologues, la marque La Roche Posay n’a d’ailleurs pas voulu créer de gamme spécifique. Elle a opté pour un renforcement des formules de ses produits existants, qui luttent déjà contre l’acné et d’autres problèmes cutanés. Et la recherche avance vite: la marque a déjà intégré à ses recettes une nouvelle technologie protectrice: empêcher les particules d’entrer directement en contact avec l’épiderme grâce à un film anti-adhésion… « Nous avons développé une routine cosmétique en trois temps, avec un soin de nettoyage de la peau qui supprime les impuretés, un soin de renforcement et de restauration de la barrière cutanée qui limite l’adhésion des particules et enfin une protection solaire efficace », détaille la directrice scientifique de la marque.
L’obsession du teint parfait
Attention toutefois de ne pas tomber dans l’obsession du « layering », cette habitude courante au Japon et en Corée, où la quête du teint parfait tourne à l’obsession. Cette technique consiste à s’appliquer sur la peau des dizaines de produits en pensant que les résultats seront meilleurs. « On a tendance à soigner trop sa peau, constate Nina Roos. Il y a trop de nettoyage, trop de cosmétiques et l’on superpose des substances pas toujours compatibles entre elles… Ainsi, en Asie, on voit de plus en plus de peaux sensibles et intolérantes car plus on applique de produits, plus la peau peut s’irriter. Il faut revenir à des choses simples.» Les citadines peuvent attendre encore un peu avant de déménager à la campagne.
Charlotte Langrand
*www.monsitebeaute.com