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Fooding : la fin des agapes ?

Racheté à 100% par le géant du pneu, le Guide Fooding pourra-t-il préserver son état d’esprit, alors que son fondateur, Alexandre Cammas et sa directrice associée, Marine Bidaud, quittent leurs fonctions ?

La grande fête prévue pour les 20 ans du Fooding a finalement eu lieu sur la Toile. Les restaurants étant fermés à cause de l’épidémie de Covid, les invités de la soirée annulée ont reçu à la place, chez eux, des paniers anniversaire contenant le Guide 2020 (et ses lauréats) ainsi qu’un dîner concocté entre autres par Alexandre Gaultier ou Inaki Aipitarte, des chefs emblématiques de l’histoire du Fooding. Les photos des paniers et bougies ont été largement partagées sur les réseaux sociaux dont Instagram, notamment par des personnalités très suivies comme le créateur de mode Jacquemus ou le rappeur-acteur Joey Starr, portant à 10 millions l’audience potentielle des photos de l’événement.

Le Michelin seul aux manettes

Cet anniversaire confiné pourrait pourtant connaître des lendemains difficiles, pour le guide décalé et agitateur, qui recense 400 adresses dans son guide papier et 1400 sur son site internet. Déjà propriétaire à hauteur de 40% des parts du Fooding, achetées en 2017, le groupe Michelin vient d’en racheter la totalité et est désormais le seul actionnaire à bord. Alexandre Cammas, co-fondateur du Guide, quittera ses fonctions de directeur en avril 2021, laissant l’équipe s’interroger : l’esprit du Fooding survivra-t-il à son départ ?

Le départ du fondateur et de la directrice associée

Fooding : la fin des agapes ?
Le Grand Fooding, un des événements phare du Guide

Depuis son arrivée dans le capital, le géant au Guide Rouge, minoritaire, est resté en retrait : « nous avons surtout appris à nous connaître, malgré des cultures d’entreprises différentes », explique Frédéric Radigué, en charge d’« accompagner l’arrivée du Fooding dans le groupe ». Ces trois années de transition n’ont pourtant pas été sans surprises : « Je ne regrette pas le rapprochement avec Michelin car nous avons fait ce qu’il fallait pour le Fooding à un moment où Marine Bidaud [la directrice associée] et moi avions le sentiment de stagner, estime Alexandre Cammas. Mais, en effet, il faut reconnaître que les changements de présidence successifs à la tête du Michelin n’ont pas aidé à faire avancer le projet initial, qui devait être le développement du Fooding à l’International et sa transformation en agence créative et événementielle. »

Pour le moment, le Michelin n’annonce pas de projets nouveaux pour le Fooding. « L’objectif pour nous est de s’appuyer sur l’esprit et le succès existants et de travailler ensemble à une transition, pour construire une équipe qui continuera à développer le Fooding dans les 20 prochaines années avec le même succès », explique Frédéric Radigué. Les intentions du Michelin paraissent pourtant floues. Sans doute assez pour que Marine Bidaud ait également décidé de quitter son poste. Et la question éditoriale reste en suspens : « Toutes les prises de position du Fooding n’ont pas trouvé leur écho chez Michelin, qui n’a jamais été pionnier dans ce genre d’interventions. L’éditorial n’est pas particulièrement sa spécialité. Tout dépendra donc de la personne qui sera nommée à la tête du Fooding », s’inquiète Yves Nespoulos, collaborateur du Fooding depuis 2001.

Le Guide impertinent de la génération de la bistronomie

Né dans les couloirs du magazine Nova il y a 20 ans, la première incarnation du Fooding a pris la forme d’un Hors-Série compilant les adresses de restos « branchés et abordables ». L’antithèse des classements, estimés ampoulés, du Michelin (et ses étoiles) ou du Gault&Millau (et ses notes). Devenu indépendant en 2009, le Fooding allait accompagner de son impertinence le nouveau « goût de l’époque » : inventer la bistronomie, appuyer la naissance des caves à manger ou des vins nature ou s’engager sur différents sujets comme les violences en cuisine ou, plus récemment, la création d’un site à part entière intitulé « plats de résistances », pour soutenir les restaurants pendant la crise sanitaire liée au Covid-19. Ses fêtes débridées ont également marqué les esprits. Aujourd’hui, la marque revendique une communauté de plus de 6 millions de lecteurs annuels……

Retrouvez la suite de cet article sur le jdd.fr

 


Les lauréats du Fooding 2021

Meilleure table Guide 2021 : Christian Qui, Marseille
Meilleure table Guide 2021 : Bistrot Bao, Groix
Fooding d’amour Guide 2021 : Comète, Saint-Lunaire
Fooding d’amour Guide 2021 : Rita, La Vierge à la mer, Saint-Jean-de-Luz
Meilleur bistrot Guide 2021 : Café Les Deux Gares, Paris
Meilleur cuisinier Guide 2021 : Daniel Morgan, Robert, Paris
Meilleur sandwich : Penny Lane, Paris
Meilleur chef résistant : Antonin Bonnet, La Boucherie Grégoire, Paris
Meilleur bar d’auteur : Bambino, Paris
Meilleure chambre de style : Château de la Haute Borde, Rilly-sur-Loire

Charlotte Langrand

Journaliste au Journal du Dimanche (JDD) rubriques Gastronomie-Cuisine, santé-bien-être

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