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La cuisine fait son cinéma

Festival de Cannes - Des chefs bistronomes et étoilés vont s’illustrer dans une « battle » culinaire et des menus choisis par des acteurs gastronomes

Au Festival de Cannes, les stars sont aussi celles des arts… culinaires. En marge des montées des marches et de la compétition, on pourra assister vendredi soir à une « grande battle » gastronomique. Elle opposera trois cuisiniers représentant le guide Michelin à trois autres, émissaires du guide Fooding. Une bataille bon enfant pour un dîner-buffet sur la plage Nespresso, dont les vainqueurs seront désignés à l’applaudimètre.

L’année dernière, cette joute « ciné-gastronomique » était le premier événement commun entre les deux prescripteurs culinaires, le Michelin ayant racheté 40 % des parts du Fooding quelques mois plus tôt. « Au début de ce rapprochement, on a dit que le Fooding allait se faire “micheliniser” et vice versa, se souvient Alexandre Cammas, fondateur du jeune guide bistronomique. Nous voulions montrer, le temps d’une soirée, que nous restions libres, avec des lignes éditoriales distinctes et qu’il existe bien deux mondes : les stars du Michelin ne sont pas celles du Fooding. » Certaines s’affichent tout de même dans les deux palmarès : cette année, de nombreux chefs soutenus de longue date par le Fooding ont décroché leur première étoile dans le guide rouge.

 

 

La « Dolce Vita » de Mauro Colagreco

En compétition pour la battle, les nommés dans la catégorie Fooding sont Moko Hirayama et Omar Koreitem de Mokonuts, Robert Compagnon et Jessica Yang du Rigmarole (meilleure table 2019) et Michele Farnesi de Dilia ; trois restaurants de l’Est parisien. Pour le Michelin, les participants sont Kei Kobayashi (deux étoiles à Paris), Christophe Roure (deux étoiles pour le Neuvième Art à Lyon) et le triple étoilé de l’année Mauro Colagreco (Mirazur, à Menton). Chacun composera un plat symbolisant sa cuisine. On pourra ainsi piocher dans la salade de pâtes capellini d’angelo, lait d’amande et poutargue de Michele Farnesi ; la langoustine, gaspacho de pêches, caviar et écume de yaourt fumé de Kei Kobayashi ; ou la tartelette de brandade au café équitable de Mauro Colagreco.

La présence des chefs à ce festival est un pas de plus vers leur starification, déjà effective avec leur apparition fréquente à la télévision via des émissions comme Top Chef. Mais pour eux, l’enjeu est ailleurs : « Cuisiner au Festival de Cannes, c’est l’occasion de montrer au monde la grande variété de la cuisine de France, explique l’Italo-Argentin Mauro Colagreco. Cette visibilité permet aussi de passer des messages sur des causes qui me tiennent à cœur, comme la biodiversité ou la pêche responsable. » Fan de cinéma, le chef avait réinterprété des scènes de La Dolce Vita dans une assiette, l’année dernière, notamment avec un foie gras au café.

 

 

« Le Daim » et L’Ami Jean

Robert Compagnon et Jessica Yang, du Rigmarole, vont jouer sur l’émotionnel, avec un dessert délicieusement régressif : un cornet de glace à la banane, grué de cacao et café. « Pour faire retomber les gens en enfance, pas besoin de faire des choses trop compliquées », expliquent-ils. Cet exercice préparé à l’avance les changera de la liberté qui fait l’identité de leur restaurant, où ils demandent aux clients leurs envies et s’efforcent de les traduire dans leur plat. Leur film culte à eux est japonais : Tampopo (1985), l’histoire d’une restauratrice qui cherche la recette de soupe ramen parfaite. Ils aiment particulièrement la scène où un enfant, interdit de dessert depuis toujours, découvre les saveurs d’une glace…

Les comédiens ou cinéastes présents à Cannes sont aussi des gastronomes. Certains ont invité leur chef préféré à réaliser des menus. L’année dernière, Romain Duris et Alex Lutz avaient fait venir Iñaki Aizpitarte (Le Chateaubriand) et Grégory Marchand (Frenchie), étoilés depuis. Cette année, Quentin Dupieux, dont Le Daim avec Jean Dujardin ouvre la Quinzaine des réalisateurs mercredi, a choisi Stéphane Jégo (L’Ami Jean) ; son confrère Bertrand Bonello convie Dominique Le Stanc (La Merenda, à Nice), Nora Hamzaoui, l’Italien Simone Tondo (Racines) et Amira Casar, le Japonais Katsuaki Okiyama (L’Abri). Le long de la Riviera, cinéma et cuisine filent le parfait amour.

Charlotte Langrand

 

Pour voir le résumé de la soirée en images, c’est par ici: Résumé de la grande “battle” des chefs à Cannes

Charlotte Langrand

Journaliste au Journal du Dimanche (JDD) rubriques Gastronomie-Cuisine, santé-bien-être

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