Manzili, la maison de Mohammed Cheikh
Il a tiré la lame d’acier du vainqueur de Top Chef et avec elle, le droit de faire des selfies avec tous ses clients, à la fin de chaque service ! Le gagnant du concours, Mohammed Cheikh, ne s’endort pas pour autant sur ses lauriers : en ouvrant Manzili, « ma maison » en arabe littéraire, dans le Jardin des Plantes, le chef reçoit comme chez lui. Dans une cour ombragée, les convives sont transportés dans la douceur d’une soirée méditerranéenne par de la végétation, des lustres en rotin tombant du plafond en canisses, des bouquets de fleurs séchées, des grandes banquettes et des bougies…
Malgré son parcours très étoilé – d’Alain Senderens à Yannick Alleno, du Shangri La au Drugstore – le chef de 28 ans préfère montrer une cuisine partageuse et conviviale, technique mais surtout pleine de parfums. Dès le cocktail, les bonnes associations s’expriment : le « Kahraba », vif et voyageur, mêle un gin infusé au thé vert à la menthe à du sirop de jasmin, de l’eau de fleur d’oranger, du tonic, du pamplemousse et du romarin frais.
Manzili cède à la mode des assiettes à partager mais avec élégance : on plonge dans un mezze réussi, avec un caviar d’aubergines au bon goût fumé, relevé de grenades ; le houmous à la tahina et zaatar est au diapason mais c’est le chou-fleur rôti qui nous emporte : parfaitement cuit, presque frit, adoucit par un tzatziki crémeux et des pistaches torréfiées. Les carottes rôties au cumin, elles, s’offrent une mayonnaise à l’orange.
Ensuite, on voudrait goûter le poulpe grillé au paprika fumé ou le maigre sauvage au lait ribot au citron confit… Mais ce soir-là, on restera carnassier, avec un impeccable onglet de bœuf en kefta et une épaule d’agneau braisée à la chermoula (sauce marocaine), accompagnée d’une mousseline de patates douces à l’huile d’argan pleine d’audace. Du coup, plus de place pour les desserts : la bonne excuse pour revenir bientôt goûter la pêche melba à la verveine.
47 rue Cuvier, Paris (5e). Entrées et mezze de 8 à 16€, plats de 20 à 24€, desserts de 4,50 à 13€. Réservation conseillée. www.manzili.fr. Jusqu’au 3 octobre.
Le Grand Vacarme, de Sarah Mainguy
La finaliste de Top Chef a posé ses couteaux dans la cour végétalisée de l’Hôtel du Grand Quartier, dans le 10e. Ici, point de Grand Vacarme : à l’écart de la rue, la cheffe de 26 ans déploie dans le calme une cuisine « sauvage » et herbacée. Ici, elle donne une tournure plus végétale et estivale aux classiques de son restaurant de Nantes, qui penchent plutôt vers la cuisine de bistrot et la street-food.
Formée à l’école Ferrandi, passée chez Season, Hollybelly et Mary Céleste, la jeune femme propose aussi des assiettes à partager. On goûte une bouchée de ce ravioli végétal de chou, tartare de bulot fumé et oseille très réussi… Et on voudrait garder pour soi la fantastique salade de haricots verts, frais et en purée, enveloppés de lait ribot aux anchois et sarrasin.
Côté « grandes » assiettes, on trouve une plus classique sole entière au beurre blanc, amandes grillées et sureau et un joli schnitzel bien accompagné d’une sauce groseille à maquereau et graines de moutarde, oignon fumé et mayo à l’estragon. Côté dessert, on reste un peu sur notre faim, même avec les très (trop ?) attendus bonbons de tomate cerise à la verveine, remarquée dans le concours d’M6, ou l’audacieuse gaufre sarrasin/os à moelle et sucre de pollen. Qu’importe, ce grand vacarme est au diapason d’un bel été parisien.
15, rue de Nancy, Paris 10e. Jusqu’au 31 octobre. Brunch le dimanche. Assiettes de 9€ à 24€. Réservations : 07 62 26 16 34.
Les jardins d’Olympe, la bohème de Chloé Charles
Après quatre ans de travaux, le Musée Carnavalet rouvre enfin et fait appel à la cheffe Chloé Charles pour régaler ses visiteurs. Ici, pas de service à table ni de restaurant conventionnel : on va choisir son menu au comptoir et on le récupère dans des gamelles façon bento avant de s’attabler au jardin, entre histoire, arts et nature.
On reconnaît tout de suite l’empreinte de Chloé Charles, cheffe nomade et engagée dans l’écologie et l’anti-gaspi et électron libre de Top Chef. Ici les plats sont presque tous végétariens, sans gluten ou lactose. Passée par l’Astrance ou chez Septime, elle décide ici de montrer qu’une cuisine sur le pouce peut être savoureuse et colorée : « tarte toute jaune » à la crème de gorgonzola, courgette jaune crue, poivrons marinés, artichauts et noisettes ; salade fraîche de tomates à l’hibiscus, vinaigrette aux fleurs, câpres et oignons ou feuilleté roulé à la ricotta, pois chiches, mélange d’herbes… Les créations sucrées d’Andréa Sham viennent clore le bal avec délicatesse (pavlova nuage mûres/lavande…).